L’édition du MIPIM septembre 2021 a rassemblé à Cannes 4200 participants qui font l’actualité de l’immobilier. Dans cette actualité, une conférence a été consacrée à faire le point sur le Booster du Réemploi, un an après son lancement. Avant de revenir plus en détail sur cette conférence, rappelons quelques chiffres et faits, peu glorieux pour le secteur du bâtiment. 

Le secteur du bâtiment représente 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises et génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) français. Enfonçons encore le clou en disant que l’industrie du BTP produit chaque année 42 millions de tonnes(1) de déchets et gravats issus de la démolition ou de la déconstruction, soit trois fois plus que les ordures ménagères. Si une partie croissante de ces déchets est recyclée, moins de 1% est “réemployée”, c’est-à-dire réutilisée en étant pas ou très peu transformée. Pourtant l’Union Européenne a défini comme objectif prioritaire la valorisation de 70% des déchets de construction et démolition à horizon 2020 avec une forte incitation sur le réemploi des déchets, qu’elle classe au deuxième rang dans la hiérarchie des déchets(2). C’est dire si le secteur est soumis à la pression sur ce sujet complexe. 

Depuis 2016 et les premières études produites sur le réemploi, un grand nombre d’initiatives a vu le jour, notamment de la part d’acteurs de l’économie sociale et solidaire ou de particuliers engagés et sensibilisés, ouverts à essayer de nouvelles démarches, parfois soutenus par les collectivités. A plus grande échelle, comme le soulignait l’ADEME en 2016, les Travaux Publics ont été précurseurs dans cette démarche mais le secteur privé a été plus long à s’engager dans cette voie. Les freins sont de plusieurs ordres mais parmi eux, outre les inquiétudes liées à l’assurance des matériaux eux-mêmes (aptitude à l’usage des produits, maitrise des risques de sinistralité, qualité sanitaire, etc.), la question du sourcing de l’offre et de la demande est un axe essentiel pour assurer la progression rapide de la pratique. 

C’est justement cette mission que s’est fixée le Booster du Réemploi, qui regroupe 38 maîtres d’ouvrage du secteur de l’immobilier qui, « concrètement, souhaitent intégrer des matériaux de réemploi à leurs opérations. Lancé en septembre 2020, ce projet sur 3 ans vise à mettre en œuvre des matériaux de réemploi dans 450 projets afin d’accélérer fortement la massification des pratiques de réemploi des matériaux de construction en France »(3). Plus précisément, le Booster du réemploi se propose d’agit sur trois axes : « Aider et accompagner les maîtres d’ouvrage publics et privés et concepteurs à prescrire du réemploi en facilitant les échanges avec les parties prenantes (architectes, entreprises de construction, fournisseurs, assureurs, AMO environnement et réemploi…) et des partenaires de recherche en innovation sur la construction, le bâtiment et le réemploi. Coaliser les maîtres d’ouvrage publics et privés autour d’une dynamique collective positive pour utiliser la force d’un groupe de donneurs d’ordre afin de massifier le marché du réemploi. Rendre visible la demande via une plateforme afin de stimuler l’offre et calculer le bénéfice carbone et environnemental associé. » (3)

Plateforme Looping

Avec aujourd’hui 120 projets, soit 1,4 million de m2, engagés dans cette démarche de réemploi, l’association peut maintenant afficher des exemples concrets, comme les bureaux du 92 Wagram à Paris, le chantier de l’hôtel Carlton à Cannes (Adim/Vinci Construction) ou encore les opérations résidentielles de Linkcity, qui vise à utiliser le réemploi dans 20% de ses opérations afin d’éviter le rejet dans l’atmosphère de 220 millions de tonnes de CO2(4) . Par le biais de sa plateforme Looping, le Booster du réemploi contribue à structurer la filière, pour laquelle le plus difficile reste d’identifier les opportunités d’un chantier à l’autre. 

La conférence organisée par le MIPIM a permis de mesurer qu’à cœurs vaillants, rien d’impossible, même si, comme on s’en doute, il reste encore du chemin à parcourir pour tous les MOA, AMO et MOD.

Notes

(1) Ministère de la transition écologique et de la solidarité

(2) Directive 2008-98-CE ; https://eur-lex.europa.eu

(3) https://www.boosterdureemploi.immo

(4)« Ces maîtres d’ouvrage qui croient au réemploi des matériaux »Article de Cyril Peter, Le Moniteur, 08/09/2021 

Sources et références bibliographiques

Plaquette Ademe « Déchets du Bâtiment. Optimiser les matières premières, renforcer le tri, le réemploi et la valorisation des déchets du bâtiment ». Référence:  010626. Disponible sur https://librairie.ademe.fr

Etude « Identification des freins et des leviers au réemploi de produits et matériaux de construction – Synthèse ». Réalisée par RDC Environment, éco BTP et I Care & Consult (Mélanie Coppens, Emmanuel Jayr, Marion Burre-Espagnou et Guillaume Neveux) – 2016 – Disponible sur https://librairie.ademe.fr

« Ces maîtres d’ouvrage qui croient au réemploi des matériaux ». Article de Cyril Peter, Le Moniteur, 08/09/2021  

https://www.architectes.org/reemploi-et-reutilisation-des-materiaux-issus-de-la-deconstruction-etapes-cles

http://www.materiaux.reemploi.com

https://www.ecologie.gouv

https://www.boosterduremploi.immo

https://www.looping.immo

https://www.ademe.fr

Publié par :narvalthomas